Outremondes: voyage aux confins de l’imaginaire.
Jean-François Rauzier expose du 16 avril au 5 septembre ses cités fantasmagoriques dans le nouvel espace 2030 du M-A 30.
Iy a Babylone blanche, une médina réalisée à partir d’une villa de Boulogne-Billancourt, Dédale, une vision fantasmagorique de l’opéra de Paris ou encore Citadelle 1 et Citadelle 2 réalisées à partir de photos d’un hôtel particulier de Paris. La première réunit une soixantaine d’auteurs de la littérature fantastique, la seconde met en scène des peintures des trecento et quattrocento italiens… Et puis sa dernière œuvre: l’hôtel de ville de Boulogne-Billancourt transformé en centre névralgique d’une Babel de lumières.
Cela fait deux ans seulement que Jean-François Rauzier a commencé à construire ses villes incroyables. Des « outremondes », hors du temps et de l’espace, qui mêlent infiniment grand et infiniment petit, réel et fictif et qui mettent en scène les grands hommes du siècle passé.
Jean-François Rauzier a mûri lentement sa vocation de « bâtisseur ». D’abord photographe publicitaire, il dessine, sculpte et grave pendant ses loisirs. Mais la révélation vient à cinquante ans. Avec l’apparition du numérique, il trouve sa voie en réalisant des oeuvres monumentales, à la manière d’un peintre et avec de la matière photographique. Le succès est fulgurant. Son travail repéré par Times est publié dans de nombreux autres quotidiens français et étrangers.
Mais avant d’en arriver à ses cités fantasmagoriques, Jean-François Rauzier s’est exercé avec le thème du paysage (une réflexion sur la puissance de l’homme qui laisse son empreinte sur la nature), puis celui des belles endormies (des femmes hors du temps, assoupies dans des lieux magiques) et celui des tours de Babel (un constat difficile de la société). Ses citadelles enfin, sont un retour au rêve.
«J’ai étudié ce qui avait été imaginé en utopie architecturale et je me suis mis à construire mes villes idéales. J’ai ce besoin de rêver les choses, de créer un monde onirique. Cela permet de franchir les obstacles », explique-t-il. Architecte sans contrainte, Jean-François Rauzier prend des milliers de clichés de maisons et de bâtiments sous tous leurs angles. Il choisit un sujet dont il décline les variations, un peu comme un musicien compose une fugue autour de quelques notes. Il passe ensuite des centaines d’heures à assembler les photos et construire la perspective de ses images monumentales, sans savoir ce que cela donnera in fine.
Mais à chaque fois, la multiplication des bâtiments et leur symétrie donnent à ses cités un côté magique et hypnotisant, accentué par les personnages qu’il met en scène. Ses villes sont habitées de figures de l’histoire de l’art ou de la littérature auxquelles il ajoute des hommes en noir, chapeautés, tous identiques qui renvoient à l’uniformisation.
De créer, Jean-François Rauzier ne s’arrête pas. Comme s’il fallait rattraper le temps. «En trois ans, j’ai fait plus que tout le reste de ma vie. J’ai 57 ans. Dans dix ans, j’aurai réalisé la production de toute une vie.
Domitille de Veyrac

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