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Exposition galerie Basia Embiricos « Les Belles Endormies ».

Inspirée de la peinture hyperréaliste, les hyperphotos de Jean-François Rauzier sont constituées de milliers de clichés pris au téléobjectif puis assemblés numériquement. Présentées dans des formats immenses, les images finalisées fourmillent de détails et s’apparentent à des jeux de piste à l’adresse du spectateur. Confronté à ces compositions vertigineuses, celui-ci se prend à les explorer et à traquer le détail insolite, la saynète incongrue. « Les belles endormies », dernière série en date du photographe, transcende l’exploit technique de l’hyperphoto en proposant une relecture d’un roman de Kawabata. En bref, le roman raconte l’histoire d’un sexagénaire du nom d’Eguchi qui se rend périodiquement dans une étrange demeure où, la nuit durant, il contemple des jeunes filles plongées dans un sommeil si profond que rien ne peut les réveiller. En parcourant des yeux les corps de ces belles endormies, en les touchant, en respirant leur parfum, Eguchi plongent dans ses souvenirs, se remémore les femmes qui ont traversé sa vie et, ainsi, fait le récit morcelé de sa jeunesse passée.

À la lecture du roman, Jean-François Rauzier n’a pu s’empêcher de noter des similitudes entre la fiction et sa technique de l’hyper photo : « Eguchi regarde la belle endormie de très près et détaille chaque partie de son corps. Je fais de même en photographiant un modèle en plusieurs clichés que je rassemble ensuite. ». Du livre de Kawabata le photographe a gardé les principaux protagonistes (voyeur et ensommeillée) qu’il a greffé dans un univers imprégné de culture française. Même si sa lecture est conseillée, nul besoin donc de connaître le chef-d’oeuvre de Kawabata pour en apprécier la transposition photographique!

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